Le changement rapide du régime politique en Tunisie a surpris aussi bien les acteurs politiques que les observateurs nationaux et internationaux. On pouvait un moment penser qu’il s’agissait d’un coup d’Etat sur le modèle du 7 novembre, débouchant au meilleur des cas sur le renouvellement du personnel politique de haut rang. Il s’avère qu’il s’agit bien d’une transformation venant du bas (c’est-à-dire de la société) et accompagnée par les autorités en place, au gré d’un rapport de force dont personne ne peut prédire à ce jour l’issue.
Tout porte à croire que la Tunisie entame une transition démocratique qui pose trois ordres de questions.
Les questions relatives à la transformation du régime. D’une part, un passé à apurer notamment à travers le sort réservé au staff autoritaire de l’ancien régime, aux responsables et agents d’ordre public impliqués dans des meurtres et aux personnes impliquées dans l’enrichissement illicite. Et d’autre part, la mise en place d’un dispositif juridique assurant la transition. Les questions contextuelles héritées de la période précédente ou générées par la transition : l’économie de la transition, l’inégalitésociale, l’immigration, la pauvreté, les médias, la diplomatie de la transition…Enfin la question des valeurs : la démocratie, l’égalité entre hommes et femmes, l’islam et l’Etat, la liberté de pensée…
- Le succès de la transition dépend de la manière avec laquelle ces questions seront résolues. Mais aussi pensées. Ceci exige un travail de terrain (enquêtes, interviews, statistiques…), le but étant de disposer d’une information rigoureuse afin de comprendre et expliquer la transition et éventuellement prédire son succès ou son échec.